par Tasha Miller

Nous avons pu lire récemment dans la presse écrite plusieurs articles affirmant que la vie moderne conduit l’homme d’aujourd’hui à retourner vers une posture préhistorique. On y maintient que le temps passé affaissés devant les écrans de nos ordinateurs ou de nos téléviseurs, ainsi que les heures passées assis dans la voiture au fil des semaines, ont redonné à nos épaules la forme voûtée de celle de nos ancêtres. On y lit aussi que la nourriture malsaine que nous ingurgitons à longueur de journée nous a rendus plus ‘gras’, ce qui renforce encore notre tendance à adopter le dos voûté de notre ancêtre préhistorique. Selon le Professeur Grey de la Trent University de Nottingham: ‘Des millions d’années après le passage à la position debout, l’homme du nouveau millénaire tend à se voûter de plus en plus bas.’ Si cela est vrai et que notre style de vie moderne est réellement en relation avec notre posture déficiente, la situation est dans ce cas plus sérieuse qu’il n’y paraît de prime abord. Car une posture déficiente peut être mise en relation avec des problèmes de santé plutôt graves: douleurs dorsales et cervicales, ainsi que des maladies coronariennes, respiratoires et digestives, pour ne citer qu’elles.

Ces observations ne sont pourtant pas du tout nouvelles. Un Australien du nom de Frederick Matthias Alexander, inventeur de la technique qui porte son nom, écrivait il y pratiquement plus d’un siècle déjà au sujet de « la déplorable détérioration physique des passants, évidente pour tout observateur intelligent se promenant dans les rues de Londres ou de New-York, par exemple, et qui ferait attention à la forme et à l’aspect de la moyenne des individus qu’il croiserait. » Alexander était non seulement concerné par cette détérioration physique graduelle, mais également par une augmentation sensible des problèmes psychologiques et comportementaux qui n’étaient, selon lui, que deux aspects du même problème. Il ne se hâta pas pour autant de proposer un retour à une vie plus ‘naturelle’ ou à un mode de vie plus primitif et d’abandonner la vie civilisée. Au contraire, il proposa d’aller de l’avant. Il maintint que l’homme en était à un moment critique de son évolution où il lui était devenu nécessaire d’acquérir un contrôle conscient de l’utilisation de lui-même dans ses activités quotidiennes. En d’autres termes qu’il ne pouvait plus compter instinctivement sur les mécanismes qui dirigeaient sa coordination au cours de ses occupations.

Les mécanismes et réflexes instinctifs qui assurent notre bonne coordination, notre équilibre et notre maintien dans nos actions et nos réactions fonctionnent parfaitement chez les animaux sauvages. Pourtant, ces mêmes mécanismes ne sont plus fiables chez l’homme moderne au niveau actuel du processus de civilisation qui l’a conduit à un développement de manières de vivre auxquelles nos instincts ne se sont pas adaptés. Nous avons été capables de créer des outils et des technologies pour arriver à acquérir un certain contrôle sur notre environnement, mais dans certains cas leur utilisation perturbe notre équilibre et notre maintien naturels.

Alexander réalisa que notre équilibre, notre posture et notre santé dépendaient du maintien d’une certaine relation entre notre tête et le reste du corps. Il appela cette relation le ‘Contrôle Primaire’. La tête doit être à même, de par un mouvement intérieur, d’être dirigée vers l’avant et vers le haut de manière à pouvoir coordonner les autres parties du corps dans une intégration équilibrée et harmonieuse. Des tensions habituelles ou une mauvaise utilisation de nous-mêmes peuvent déranger cette relation et avoir des effets néfastes dans tout le corps, de par l’interconnection de l’ensemble de nos muscles, articulations et ligaments. Si nous prenons la peine de considérer, ne fût-ce que pendant un bref instant, que la tête pèse en moyenne autour de 5 à 8 kilos et que la gravité nous pousse continuellement vers le bas, nous pourrons réaliser l’importance critique de cette direction intérieure vers l’avant et vers le haut de la tête. Cependant cette relation de la tête au reste du corps n’est pas une relation fixe et il nous faudra revoir les notions de ‘bonne’ ou de ‘mauvaise’ posture. Il n’existe pas en réalité de ‘bonne’ position pour le corps, mais il existe à tout moment une bonne direction et une bonne relation entre la tête et le reste du corps.

Cette relation entre la tête et le reste du corps est contrôlée par de très délicats mécanismes posturaux réflexes dont le fonctionnement automatique et inconscient est suffisant pour l’homme primitif et les animaux. L’homme moderne par contre a besoin d’apprendre consciemment à ne pas interférer avec ces mécanismes pour pouvoir s’adapter aux exigences du nouvel environnement ‘non-naturel’ qu’il s’est créé. Il doit arriver à préserver cette relation entre la tête et le reste du corps pendant les longues heures qu’il passe devant l’ordinateur, la télévision ou au volant de sa voiture. Et il doit même apprendre à préserver ce contrôle primaire au cours d’activités plus naturelles comme la marche. La solution au problème des exigences de la vie moderne n’est pas dans plus d’exercices, plus de régimes ou plus de thérapies. Elle nécessite des connaissances et des compétences pour comprendre par et dans la pratique le fonctionnement des mécanismes posturaux et en cela l’aide d’un professeur de Technique Alexander est inestimable.

Le professeur de Technique Alexander fait usage de ses mains pour guider subtilement la tête de l’élève vers une meilleure relation avec le reste de son corps et l’amener ainsi à le familiariser avec cette expérience et lui apprendre à la rechercher et à l’entretenir. Le professeur introduit également quelques principes et procédures élémentaires d’anatomie et de physiologie concernant le mouvement et la respiration pour aider l’élève à apprendre à penser d’une manière nouvelle à ce qu’il fait au cours de ses activités. L’élève apprend à reconnaître cette bonne relation entre la tête et le reste du corps et à remarquer quand il interfère avec le fonctionnement correct des reflexes posturaux qui règlent cette relation, pour apprendre à bouger et à réagir aux diverses stimulations plus efficacement et d’une manière plus constructive. Progressivement, avec l’amélioration des connaissances et des compétences, le mouvement devient plus fluide et la posture s’améliore. Les muscles et les articulations sont plus libres et la respiration, la digestion et la circulation s’améliorent, tout cela améliorant le maintien et la détente. Cela conduit à de meilleures relations avec autrui et à une amélioration de la santé et du bien-être en général.

La découverte de F. M. Alexander est une chance unique pour un future meilleur et plus sain. Mais pour tendre vers ce but, il nous sera demandé d’abandonner la recherche d’une solution miracle et d’adopter en lieu et place l’attitude plus raisonnable d’investissement dans un programme à long terme de rééducation pour apprendre à nous débarrasser de nos habitudes inconscientes et profondément enracinées, tellement préjudiciables pour notre santé. Quoi qu’il en soit, chaque voyage commence véritablement avec le premier pas. Pourquoi ne pas , vous aussi, réserver une première leçon d’introduction et découvrir ce que beaucoup avant vous ont découvert: une méthode sûre pour développer de bonnes habitudes de mouvement, de contrôle et de maintien dans tout ce que vous faites.

Mes remerciements à Tasha pour son aimable autorisation de traduction de son texte ‘Modern Man Stoops Low’ à partir de son site
www.alexandertechniqueatlantic.ca

Traduction par Athanase Vettas
www.techniquealexander.be
Bruxelles – Belgique
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