La Technique Alexander et la respiration

Une bonne respiration est un signe d’équilibre et de bonne santé physique, mentale et émotionnelle. La respiration saine fournit naturellement au corps la quantité d’oxygène dont il a besoin selon l’activité du moment. Une respiration insuffisante est un signe de faiblesse et de mauvaise santé. Elle est liée à notre mode de vie en général et à notre hygiène physique et mentale.

C’est pourquoi des exercices de respiration effectués isolément ne peuvent résoudre le problème. Il est même admis que faire des exercices respiratoires trop hâtivement sans les connaissances nécessaires ou sans la surveillance d’un professeur compétent peut conduire à de nouvelles difficultés, ou au mieux à renforcer les défauts existants.

Frederick Matthias Alexander, le créateur de la Technique qui porte son nom, était connu en son temps comme ‘the breathing man’ (le ‘spécialiste’ de la respiration) car sa diction était exempte des défauts habituels chez bon nombre de professionnels de la voix, comme le fait d’aspirer de l’air en parlant. La respiration est d’ailleurs son sujet de prédilection dans ses premiers écrits. Pas pour proposer des exercices, mais pour insister sur le fait que seule une bonne coordination générale crée les conditions nécessaires pour une bonne respiration.

Il est connu que les maîtres des diciplines traditionnelles de développement de l’individu, comme le Yoga ou les Arts Martiaux en Orient, n’enseignaient pas d’exercices en tant que tels pour l’amélioration de la respiration, mais utilisaient des techniques respiratoires pour mieux canaliser leur énergie à des stades plus avancés de leur entraînement, quand ils avaient acquis une certaine maîtrise de leur corps.

La Technique Alexander non plus ne propose pas d’exercices respiratoires à proprement parler, sans pour autant négliger cet aspect vital de notre fonctionnement. Le professeur de la Technique Alexander est très attentif à la manière dont les élèves respirent, à la manière dont ils interfèrent avec leur respiration normale. Le but est le rétablissement d’une bonne coordination générale et d’une expansion du corps plus fonctionnelle pour devenir plus conscient des interférences et de leurs effets. Il devient possible alors de vérifier la qualité de la respiration dans la diction, le chant ou l’exercice physique.

Les élèves réalisent que leur manière de respirer est indissociable de leur manière générale de s’utiliser et que l’amélioration de la ‘posture’ dynamique globale doit primer sur les tentations de corriger directement des tensions trop importantes dans la gorge ou un thorax qui s’affaisse.

Notre professeur de musique nous a peut-être appris à inspirer profondément avant de commencer à chanter, notre professeur d’éducation physique nous a peut-être conseillé quelques bonnes inspirations avant un exercice exigeant, mais c’est exactement cette aspiration volontaire d’air qu’Alexander visait pour la remplacer par la création des meilleures conditions possibles à l’expansion de la structure totale de l’organisme, à l’intérieur de laquelle le mécanisme inné de la respiration peut assurer une entrée d’air réflexe.
Nous sommes tellement habitués ou conditionnés à croire qu’il est si important de bien remplir ses poumons, que l’approche d’Alexander peut nous sembler totalement neuve. Pourtant, au contraire, c’est un retour à la toute première inspiration du nouveau-né. A la naissance, en effet, le premier mouvement des poumons est celui qui les vide de leur contenu, pour dégager les conduits qui vont assurer le retour instantané et involontaire de l’air. Au cours de ce premier inspir, aucune expérience ou idée préconçue en ce qui concerne ce qu’il faut faire ou ne pas faire, aucun sentiment de stress lié à son bon accomplissement n’est présent. En fait, ni panique ni peur que la prise d’air ne se produise d’elle-même n’interfèrent avec le déroulement naturel de ce processus vital chez un enfant normal.

En apprenant ainsi à porter l’attention sur le ‘global’, par le biais de procédures simples qui favorisent une inspiration naturelle, le ‘particulier’ s’intègre progressivement de lui-même dans l’ensemble. Comme disait Alexander, quand les bonnes conditions de coordination sont créées, « le correct se met en place tout seul ».


Alexander Technique Brussels